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Appel à la gauche disparue | Tribune de Gilles Savary

Voici la tribune de Gilles Savary, ancien député et eurodéputé PS, co-fondateur de Territoires de Progrès et d’une cinquantaine de cosignataires :

On peut s’en désoler et s’affliger des niveaux atteints par l’abstention et le RN, mais les électeurs ont brisé l’armure du scrutin majoritaire en élisant une Assemblée nationale incontestablement plus conforme au nuancier politique du pays que toutes celles qui l’ont précédée depuis des décennies. Il en résulte une chambre sans majorité et profondément clivée, à l’aune de la France d’aujourd’hui.

Le Président de la République et son gouvernement vont devoir s’accommoder de ce retour intempestif de la IVème République sous les Institutions de la Vème, ouvrant une période et un régime inédits qui ne vont pas manquer d’inspirer une intense production académique.

Incontestablement, l’Assemblée nationale et ses députés ont matière à y retrouver des couleurs, mais aussi à décevoir et, s’ils n’y prennent garde, à faire le lit d’une imparable dérive réactionnaire.

La configuration parlementaire qui sort des urnes est familière à d’autres grandes démocraties européennes qui ont l’habitude d’en résoudre l’équation par des contrats de coalition entre partis de gouvernement, mais avec une autre culture politique qu’en France.

Édouard Philippe et François Bayrou en appellent à un tel sursaut de maturité politique, mais avec qui ?

Le PS a opté pour une stratégie de « sauve qui peut » dans une « Union de la gauche » à tout prix, dont il ne constitue plus le centre de gravité idéologique. Ce choix l’assujettit durablement à une posture d’opposition sans concessions, à rebours de ses héritages gouvernementaux et de la culture de compromis de la famille sociale-démocrate européenne.

Pour improbable qu’elle soit, une coalition ne peut donc s’envisager, sous cette mandature, qu’entre formations du centre et des droites avec le risque de couper un peu plus la majorité présidentielle de sa base électorale issue de l’affaissement du PS en 2017.

On s’achemine plus sûrement vers la recherche laborieuse, texte par texte, de majorités de débauchage à géométries variables, avec le risque que le RN y trouve l’opportunité empoisonnée de débloquer des situations afin de parachever sa quête de banalisation et de respectabilité.

Dans de telles circonstances, la quasi disparition d’une gauche de compromis dans notre paysage politique et à l’Assemblée nationale constitue un évènement particulièrement préoccupant pour notre pays et sa démocratie.

Cette gauche pro-européenne, sociale-démocrate et libérale, laïque, universaliste et fermement attachée aux principes républicains, qui s’est profondément inscrite dans notre histoire sociale et politique, est en jachère.

Soyons lucides, elle est aujourd’hui menacée d’extinction, et au plus mauvais moment, où l’échiquier politique français entame sa recomposition dans la perspective de 2027.

Si la reddition du PS à LFI la prive d’espace politique, elle conserve un espace idéologique qui retrouve de la vigueur en Europe.

Elle sort de la précédente mandature en miettes éparses et imperceptibles, internes ou externes à la majorité, mais parfaitement convergentes sur le diagnostic, comme sur la nécessité de refonder une offre politique de gauche modernisée et attractive, engagée dans les grands défis, climatiques, socio-territoriaux, économiques et géopolitiques, de notre époque.

Mais ses « Résistants » se payent le luxe de divisions et de spéculations tactiques hasardeuses, qui la condamnent à l’anonymat et peut-être à la disparition définitive.

Il est temps de la reconstruire, non pas autour d’ambitions personnelles dont elle n’a plus les moyens ni le débouché immédiat, mais autour des valeurs fondamentales qui l’unissent et d’une lecture commune, profondément renouvelée, de la société française et de ses aspirations.

Nous menons cette quête parce que nous estimons que la France et nos enfants en ont besoin. Parce que nous sommes convaincus que le paysage politique actuel fait le lit d’une inexorable accession au pouvoir du RN. Parce que nous pensons que la renaissance d’une gauche de gouvernement moderne et ressourcée au plus près des territoires et de leurs populations peut contribuer à y faire obstacle.

La violence sociale que nous promettent les grandes transitions et les nouveaux risques géopolitiques auxquels nous sommes exposés, confère à cette gauche une responsabilité particulière à refonder un projet économique et social pour y faire face et en préserver nos compatriotes qui y sont les plus exposés.

C’est pourquoi, nous en appelons dès aujourd’hui à l’organisation d’une « Convention de Reconstruction » entre toutes ses chapelles, qu’elles se situent dans la majorité ou dans l’opposition, dans un esprit de large ouverture, de respect de leurs positionnements politiques, et de mise entre parenthèse de tout calcul prématuré de leadership ou d’appropriation.

Il lui appartiendra d’abord d’analyser collectivement et sans complaisance les causes du spectaculaire affaissement de notre famille politique, et de poser les bases d’un projet mobilisateur tourné vers l’avenir et les grands défis de notre époque.

Le temps presse. Il pourrait ne pas attendre 2027.

Une réponse sur « Appel à la gauche disparue | Tribune de Gilles Savary »

Une analyse partisane qui ne tient pas compte de l’autonomie que le ps gardera vis à vis de LFI
Par ailleurs vous appelez de vos voeux la social démocratie mais vous oubliez qu’en France il n’y aura pas l’appui des syndicats comme on peut la voir dans les pays nordiques

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